5 février
On prend le petit déjeuner dehors avec Qien. Il m’emmène dans un restaurant proche pour goûter une des spécialités du sud : une soupe aux abats. Mais comme il doute de ma capacité à en manger, il commande d’abord un petit déjeuner plus européen (enfin l’idée qu’ils se font d’européen) : pain de mie beurré avec lait condensé. On nous a apporté un verre d’eau avec, je l’ai bu sans réfléchir. J’avais oublié qu’ils servaient l’eau chaude pour la purifier. Rien que cela aurait suffit, mais ensuite on a goûté des raviolis chinois, et des noodles au bœuf. Avec les noodles on apporte un plat de bouillon de poisson. On verse celui-ci dans le bol individuel et on y rajoute les noodles. Après enfin, la soupe traditionnelle. Plus un velouté qu’une soupe, mais avec des gruaux, et des morceaux d’intestin et de foie de porc. Malgré la description et l’aspect premier, c’est bon. On en remangera plusieurs fois pendant le voyage. Ce petit déjeuner aurait suffit à me faire tenir la journée, mais à peine deux heures plus tard il fallait recommencer. Cela a été comme cela pendant tout le séjour. Malgré tout, j’ai perdu du poids au lieu d’en prendre. Allez comprendre !
Après le restaurant, nous avons descendu la rue principale jusqu’au marché. Je suis perdue et décontenancée par tant de chaos. Il y a peu de voitures dans ce quartier, mais des motos partout. Les rues sont encore couvertes de déchets. Devant les boutiques, des montagnes de papiers rouges. Après la fermeture annuelle pour le festival de printemps, avant de rouvrir la boutique, les propriétaires font exploser des pétards devant la porte. C’est censé effrayer les mauvais esprits. Mais les restes de pétard resteront là jusqu’à ce que le vent les emporte. C’est surtout dangereux, car j’ai pu constater que certains pétards ou fusées d’artifices n’explosent pas. Et si elles explosaient quand quelqu’un marche dessus ?
Le marché se tient quotidiennement. C’est entre les halles et le marché. Il y a des stands fixes surtout pour la viande et le poisson à l’intérieur (il y a un toit mais pas de portes). A l’extérieur, sur des cagettes et tréteaux on vend des légumes. Tout le monde fait ses courses ici quotidiennement. Il y a des supermarchés, mais on n’y achète que des produits ménagers.
L’odeur du marché est presque insoutenable à l’intérieur. Le sol n’est pas différent d’à l’extérieur. Les marchands y jettent tout. On a faillit se prendre un seau d’eau sale mélangée à du sang sur les pieds en passant. Malgré tout, les produits ont l’air frais, du moins pour les légumes- je suis incapable d’acheter de la viande en France, donc je ne me prononcerai pas sur la Chine.
l'extérieur du marché
Près du marché, bâtie sur une petite colline, il y a l’école primaire de la ville, où allaient Qien et son frère. Les élèves sont en vacances, mais le gardien nous laisse entrer. Qien apprend que l’école sera détruite dans l’année pour en construire une nouvelle. Notre visite prend donc l’aspect d’un pèlerinage. Détruire et reconstruire semble être le passe-temps préféré en Chine. Il y a des tables de ping pong dans la cour (on est en Chine !) ; la salle de musique a été transformée en salle de check up médical, avec du matériel que je n’ai jamais vu même dans un hôpital… Devant le bâtiment principal, une statue a été érigée dans le style typiquement communiste, symbolisant la jeunesse en tant qu’avenir du pays. Au sol, des points verts sont tracés de manière régulière. Ils indiquent aux élèves où se tenir pour saluer le lever du drapeau le lundi matin, ainsi que pour faire les exercices physiques imposés tous les jours.
nous et la statue
l'école
Le père de Qien passe nous chercher en voiture devant l’école. Il a proposé de nous emmener jusqu’à un parc. Je n’avais pas pensé à ce que monter en voiture en Chine pouvait impliquer. On s’est retrouvés un moment avec un camion roulant à contre-sens entre nous et la voiture que l’on doublait. Il y a des petits rideaux aux vitres de la voiture…
Mais en fait, on s’est fait avoir… Son père voulait passer à leur église pour laver la voiture, et sur la route il y a un parc donc il avait pensé s’y arrêter au retour. J’ai donc pu visiter l’église pendant qu’il l’avait la voiture. Bâtiment moderne, deux salles à deux étages différents servent de lieu de prière, dans les deux des projecteurs et écrans, ainsi que des ordinateurs. Au deuxième étage, il y a un groupe d’étude en cours. On les écoute en attendant. Cela perturbe deux adolescentes qui n’arrêtent pas de se retourner pour me regarder. Les gens en Chine, me fixent autant qu’au Japon, même peut être de manière plus effrontée.
l'intérieur de l'église
On s’arrête au parc. Joli parc avec étang, mais malheureusement là encore, rien n’est entretenu. Quel dommage !
En rentrant, on fait un détour par le toit de l’immeuble. Cela donne une vue sur la ville (j’ai hésité à écrire belle). Le toit, plat comme en Espagne, sert d’espace commun. On peut y tendre le linge, les enfants viennent y jouer, Qien et ses frères viennent y capter la radio anglaise. Au dernier étage, il y a un appartement non fini, sans portes ni fenêtres, encore tout en béton, et sans système électrique. J’apprends qu’en Chine, c’est souvent le cas. Le dernier étage est chaud en été et froid en hiver, donc ils se vendent rarement. Les promoteurs ne prennent donc plus la peine de les finir. Certains voisins s’en servent pour y stocker des cartons et des vieilles affaires.
le gardien endormi à l'entrée du bloc d'immeubles
les immeubles d'en face
sur le toit
du toit
Au retour, en attendant que le déjeuner soit prêt, on regarde les albums photos de sa famille. C’est assez drôle de voir que les photos de son enfance ont le même format et couleurs que celles de l’après-guerre en France. Quel décalage. Les photos plus récentes, aux couleurs fades (nos photos des années 70), sont toutes plastifiées. Il y a tout un album sur la veillée funèbre et l’enterrement de la grand-mère. Il y a beaucoup de photos de son père prises en studio, et notamment une que j’ai beaucoup aimé où il est avec un ami (ou son frère, je ne sais plus) sur une moto. Drôle de mise en scène.
Déjeuner. Encore trop à manger. On finit les plats de la veille, avec un nouveau plat de légumes. Il y a aussi un plat de noix de cajou. Sa mère était déçue que ce ne soit pas la première fois que j’en goûte.
Après le repas, c’est l’heure de la sieste. Quelle belle invention ! Même si je n’arrive pas à dormir, j’ai trop perdu l’habitude au Japon, cela permet de se reposer, surtout par cette chaleur. Aujourd’hui j’ai définitivement abandonné le pull.
Même les jours de semaine, il est habituel de faire une sieste en Chine. Au bureau (il travaille comme traducteur/ organisateur d’événements pour le gouvernement), il y a des fauteuils et hamacs prévus pour la sieste pendant la pause déjeuner- généralement de 1 à 2h.
Au réveil, on fait les valises et part- après une prière en famille pour faire un voyage sauf- pour la station de bus, direction Guangzhou (ou Canton). On monte à nouveau dans un très beau bus pour 2 heures de voyage.
la gare routière (vous voyez la gare en entier)
Guangzhou est une ville plus grande et plus ancienne que Shenzhen (qui s’est développée dans les 30 dernières années). C’est aussi une ville plus propre et ordonnée. Les motos et scooters sont interdits en ville, et cela change tout !
De la gare routière on prend le métro. Qien me passe une carte rechargeable qui me servira pendant tout le séjour pour le métro et les bus. Le voyage doit coûter dans les 6 centimes d’euro. Mais quand on y pense en yuan, cela est cher, car c’est le prix d’un plat au restaurant.
On doit traverser une galerie marchande souterraine pour sortir du métro et aller chez lui. On doit passer devant un MacDo. Ils sont partout !
Il habite un immeuble devant un petit square toujours rempli de monde jouant au football asiatique. En cercle, on doit se passer la balle sans la faire tomber au sol. Au Japon, cela se joue traditionnellement avec une petite balle ; en Chine, cela ressemble plus à un volant de badminton.
On passe une première porte en fer qui s’ouvre avec une carte magnétique. Cela donne sur une cour intérieure sombre et sale. Deux cages d’escaliers de chaque côté. On prend à gauche. On monde 7 étages d’escaliers en béton avec à chaque demi palier un seau qui sert de poubelle commune aux voisins, mais qui déborde sur tout le palier. A certains étages, les voisins ont rajoutés une grille en fer commune pour bloquer l’accès au couloir de chaque côté de l’escalier.
Pour entrer chez lui, là encore deux portes à l’entrée. L’appartement est pas mal. Toujours sol en carrelage, cuisine et salle de bain côte à côte et tout petits, par contre deux chambres à coucher dont une plutôt grande, une grande salle à manger- salon et une petite terrasse avec machine à laver. Mobilier très sobre et assez divers. Il y a un mélange entre ses meubles et ceux qui étaient déjà dans l’appartement. Le canapé et les deux fauteuils sont en bois, très chinois. Mais pas très confortable, il faut l’avouer. J’ai peur en voyant l’état de la cuisine et de la salle de bain… je me dis que je ne tiendrais jamais encore 8 jours. Mais finalement, on s’habitue à tout. Il faut s’habituer à ce que l’évier ne soit pas fait pour laver la vaisselle, on lave dans une casserole (qui remplace l’absence de bassine), du coup l’évier n’est jamais nettoyé. Les plans de travail sont tout collants, les étagères sont noires. Dans la salle de bain, je n’ose rien toucher. La chasse d’eau ne marche pas. Il y a un robinet sous le pommeau de douche qui sert à remplir un seau. Il me faudra plus de 6 jours pour remarquer que près du pommeau de douche il y a une multiprise- rallonge sur laquelle est branché le chauffe-eau. La prise à l’opposé, juste derrière toi quand tu prends la douche. Finalement j’étais contente de ne pas le remarquer plus tôt, j’aurais eu du mal à me doucher sinon. Pour se doucher, il faut brancher le chauffe-eau une demi-heure à l’avance et attendre que cela chauffe. Par contre, l’eau est vraiment chaude.
le fameux canapé- pas confortable malgré les apparences. Je n'ai pas réussit à le décider à y mettre des coussins, donc à chaque fois je devais amener mon oreiller
la cuisine
la salle de bain. il y a un évier sur la droite
la chambre de Qien que j'ai volée pendant une semaine
le salon depuis le coin salle à manger (une table ronde plus les meubles que vous voyez sur la gauche)
A peine posées les valises, il faut redescendre pour aller acheter à diner pour ce soir. Le supermarché n’est pas très loin. Sur la route, une boutique fermée au nom en anglais attire mon attention : become person’s thing (faisons abstraction de la faute de grammaire)- traduction : devenir la chose d’une personne. Il s’agit en fait d’un sex shop.
Le supermarché. Devinez où j’ai fait mes premières courses en Chine ! A Carrefour ! Eh oui, eux aussi sont partout. Le supermarché est en sous-sol, sur deux étages. Le premier avec les vêtements et affaires de maison. Le second, est l’étage alimentaire. Il y a partout ces énormes boites en fer de gâteaux. On achète le riz au kilo en libre service. On y trouve des pattes de poulet et autres mets introuvables en Europe. Il fait chaud dans le magasin, même dans les rayons réfrigérés. L’odeur au rayon viande laisse à désirer, les fruits ne sont pas très frais, un cafard se promène sur le pain. Les bacs à surgelés ont presque tous perdus une ou plusieurs portes, ils ne sont même pas frais.
les bacs à riz
les rayons du supermarché
les vendeuses ont un uniforme "chinois"
A partir de mon arrivée à Guangzhou et ce jusqu’au 9 février je n’ai pas pris de notes au jour le jour. Le récit risque donc d’être maintenant moins détaillé. Pour ce soir là, je me souviens avoir mangé des pâtes cuites au cuit-vapeur (affreux, beaucoup trop cuit), mais je ne sais plus avec quoi d’autre.