mercredi 16 février 2011

arrivée à Shenzhen

4 février
Je prends le métro depuis Hong Kong pour aller jusqu’à la frontière avec la Chine continentale. Je dois retrouver Qien, un ami chinois avec qui j’ai étudié en Angleterre à la frontière à Shenzhen. Je passe le reste du séjour chez lui.
40 minutes de métro bondé. En descendant à la frontière, le chaos pour passer les contrôles de visa. Nous ne sommes que 3 Occidentaux. Après presque une heure d’attente, un coup de tampon et je peux entrer en Chine.
Panique car je ne retrouve pas Qien à la sortie. Il y a beaucoup de monde. Je reste près de la porte de sortie, espérant que ce soit la seule et qu’il soit encore dans le coin (j’étais forcément très en retard). Mais comme j’ai beaucoup de chance comme toujours, on finit par se retrouver assez vite. De plus il arrive avec de l’eau et des petits gâteaux (là on dit merci à sa mère d’y avoir pensé). Il me propose d’aller d’abord manger au restaurant, puis de visiter un parc à thème, une des rares choses à voir dans la ville selon lui.
On prend le métro pour y aller. Ce ne sont pas des tickets mais des jetons magnétiques. Il suffit de le poser sur la borne à l’entrée ; à la sortie, on le glisse dans la borne.
On déjeune dans un restaurant style fast-food chinois près du parc. Cela fonctionne presque comme un MacDo. Peu de choix, tu choisis et paye à l’entrée, récupères ton plat et va t’assoir. Dans d’autres restaurants que j’ai essayés par la suite, on t’apporte le plat, mais le principe est le même. Ce sont des restaurants généralement assez grands, au mobilier de style européen et plutôt propres.  Je mange du bœuf avec riz. Très bon jusqu’à ce que je croque par inadvertance dans un morceau de piment rouge….
Le parc à thème, où on  a passé la journée, se compose de deux parties. La première, ce sont des reproductions grandeur nature des maisons traditionnelles des différentes tribus qui peuplent le pays, avec des représentations de danses traditionnelles. C’est là que j’ai pu constater à quel point la Chine est grande, et la population variée, tant physiquement que culturellement.

des figurants dans les danses traditionnelles


un système d'écriture très simpliste utilisé encore aujourd'hui par une tribu de Chine.


des bobines pendues aux arbres. On les fait tourner, et pendant ce temps là, on fait un voeu.

La deuxième partie était des miniatures des bâtiments les plus célèbres en Chine. Pour une première journée en Chine, cela donne un bon aperçu de tout ce que je ne pourrai pas voir (très frustrant). J’ai aussi pu voir combien la Chine est différente du Japon. Les gens ne respectent pas les barrières et vont au milieu des miniatures pour prendre des photos. Il y a aussi beaucoup de miniatures abimées. Bon, je comprends l’envie d’utiliser un lance-pierre pour décapiter les petites figurines bien alignées dans les allées, mais je ne l’ai pas fait pour autant…


un des bâtiments, celui-ci est tellement loin de nous qu'on dirait un vrai


la grande muraille de Chine


un tramway qui relie le parc à thème à un hôtel

Vers 6h, à la tombée de la nuit, on sort du parc. Je récupère ma valise à la consigne et on se dirige vers l’arrêt de bus proche.
J’ai mon premier vrai aperçu de la Chine. Surpeuplée (ce n’est pas un mythe !), bruyant, sale, routes plus que dangereuses. Je suis bien loin du Japon et le regrette. Qien n’arrête pas de me dire de surveiller mon sac à dos. Devant le parc il y a plein de vendeurs ambulants sur des vélos ou tricycles (prêts à partir si la police arrive). Dans la rue, des tricycles à remorque et toit en tissus servent de taxi (jusqu’à 4 personnes + chauffeur). A part sur les grandes avenues, il n’y a pas de délimitation au sol, les voitures doublent dans tous les sens. Les motos se faufilent au milieu. Tout le monde klaxonne sans cesse. (Je finis par comprendre qu’ils klaxonnent dès qu’ils voient une moto ou un piéton. C’est une façon de dire pousse toi, je passe.) J’ai peur dès que j’entends « on doit traverser », pitié non !
Mais les trottoirs ne sont pas moins dangereux, les scooters y roulent sans scrupules, les piétons crachent partout sans regarder, le sol est couvert d’immondices, les gamins lancent des feux d’artifices dans tous les sens (c’est le nouvel an)…
On attend assez longtemps le bus. Quand il arrive enfin, on ne peut pas monter, car il n’a pas assez de places. On attend le suivant. Mais le premier bus aussi, car il y a trop de monde et le chauffeur ne veut pas démarrer tant que des gens ne seront pas descendus. Cela me rappelle l’Espagne.
Par contre, le bus est d’un grand confort (beaucoup de place pour les jambes, sièges larges en cuir, télévision) et très propre. Environ 1h de bus, et on arrive dans le quartier où ses parents habitent. On descend, de nuit, dans un terrain vague envahit de marchands ambulants et entouré d’immeubles décrépits. Deux rues plus loin, on arrive devant l’immeuble de ses parents. Un poste de surveillance à l’entrée mais personne à cette heure-ci. Deux immeubles identiques se font face, avec une petite cour fleurie qui sert aussi de parking entre les deux. Interphone, la grande porte à barreaux de fer s’ouvre sur des escaliers en béton recouverts de détritus. On monte 4 étages, puis on long le bâtiment sur le côté. Là, une autre cage d’escalier, encore 2 étages. Devant la porte d’entrée, de l’encens. De chaque côté, collés au mur des banderoles rouges avec des kanjis pour porter chance lors de la nouvelle année. La porte d’entrée est double : une première qui ressemble à une grille permet, quand il fait chaud, de laisser la seconde porte, en bois, ouverte et d’avoir un courant d’air dans la maison. (La température augmente, 24º à la nuit tombée). J’apprends ensuite que c’est aussi pour éviter les vols. Deux serrures valent mieux qu’une.
Qien a deux frères cadets de 24 et 16 ans. Tous deux parlent anglais, le frère aîné parle même un peu de japonais. Ses parents, anciens marchands, sont tous deux à la retraite. Ils ne parlent que chinois.
L’appartement est plutôt grand, aux dires de Qien je ne m’attendais pas à cela. Le sol est en carrelage blanc. Il y a très peu de meubles. Autour des lits, 4 sticks sont accrochés pour permettre d’installer une moustiquaire. La cuisine est très petite et sombre. Le frigo est dans le salon. L’évier se situe entre la cuisine et la salle de bain qui se font face. La salle de bain…. Une pièce en carrelage, avec un pommeau de douche au mur, on se lave dans la pièce même. Rien de très différent du Japon, mais en Chine, pas d’autre pièce pour s’habiller ensuite, ni rien pour enlever l’eau, et la propreté n’est pas la même. Par contre par de ofuro (bain) si apprécié au Japon. L’eau de la douche s’écoule par les toilettes. Oui, ce trou dans un coin de la pièce, ce sont les toilettes. Mais je ne me plains pas il y a du papier et une chasse d’eau (ce ne sera pas le cas dans la suite du séjour). Les serviettes de bain sont celles qu’au Japon on appelle « serviettes de modestie », rectangulaires, petite.
A notre arrivée, tout le monde est prêt à se mettre à table. J’avais au préalable demandé ce qu’il fallait faire et ne pas faire en Chine. C’est nettement moins strict, donc moins stressant aussi pour un premier repas. Selon Qien, les chinois, surtout dans cette région où le commerce est important, voient surtout le côté pratique des choses. Donc on pose ses baguettes à cheval sur le bol de riz, ou posés sur la table, mais la pointe utilisée dépassant de la table (simplement parce que la table est sale). Un repas en Chine : plusieurs larges plats posés au centre de la table (plats de légumes, viande et poisson généralement). Chacun a devant soi un bol dans lequel on met le riz et la soupe, dont on se sert dans la cuisine. Avec les baguettes (plus longues qu’au Japon, mais vu la taille de la table, on comprend pourquoi), on se sert dans les plats. Contrairement au Japon, on peut prendre de la nourriture dans un plat et le mettre dans la bouche directement, sans reposer dans sa propre assiette/bol. Dans les maisons, on pose- enfin non, on recrache- les os et arrêtes sur la table. Au restaurant, il y a une petite assiette pour cela.
Après le repas, son père nous prépare du thé. Quand je dis oui pour une tasse de thé, je ne m’attendais pas à m’engager pour une heure entière. Le thé est servie dans de toutes petites tasses. Sur la table du salon, il y a une sorte de plateau creux avec un dessus percé pour que l’eau tombe dedans. Le service à thé n’est pas complet sans une théière, toute petite en argile, et une bouilloire électrique. Le thé est servi en vrac et sans filtre dans la théière. On verse l’eau de la bouilloire dans la théière- en débordant éventuellement, ce n’est pas grave. Pendant que cela infuse, on verse de l’eau chaude sur les tasses, d’abord pour les réchauffer, ensuite et surtout, pour les désinfecter. On sert une première fois toutes les tasses, mais on ne boit pas, on verse le contenu dans le plateau. Cela permet d’enlever les saletés dans le thé. On ressert une seconde fois, que l’on peut boire. Mais on ne boit pas le fond de la tasse, car il y a encore des impuretés. Ensuite, on peut servir encore une tournée de thé avant que la théière soit vide. Puis il faut tout recommencer. Quand on boit et surtout sert le thé, on ne fait rien d’autre.
En dehors des repas, on m’a gavée de snacks. En Chine, il y a toujours de la nourriture sortie sur la table du salon (je suis quelques jours plus tard plus qu’étonnée par la taille gigantesque des boites de gâteau vendues au supermarché).  J’ai pu gouter : des olives vertes marinées dures et sucrées, des biscuits aux cacahouètes, des patates douces en sucre (préparées par le père. On a quelque chose de similaire au Japon, mais enrobé dans un caramel et non dans du sucre).
Je commence à somnoler très tôt. Trop de découvertes et de changement dans la journée. Mais vers 11h un couple d’ami vient avec un petit garçon. On joue aux voitures. Pas besoin de parler pour ça. J’ai vite compris que son truc c’est de faire exploser les voitures sur des mines imaginaires, pourquoi pas…
Mais ils sont restés jusqu’à plus de 1ham. Le rythme de vie n’est pas le même qu’au Japon. Je demande l’heure de réveil, il n’y en a pas… en tout cas personne ne sera debout avant 9h me dit-on. Le rêve !
les portes d'entrées

le salon, avec la porte d'entrée à droite; la porte de la salle de bain à gauche

le thé et le support plateau

le diner

Marguerite Duras, L'amant en chinois. Un livre recommandé au lycée par les professeurs. J'approuve!

la famille de Qien- comme vous pouvez le voir il y a une croix derrière, famille chrétienne (j'ai oublié de quelle branche, mais pas catholique je sais). Avant les repas, prière. C'est peut être ce qui m'a le plus mis mal à l'aise.